Les éclaireurs, 30 x 24 cm, technique mixte sur papier grainé épais, 2014.
Je dessine souvent au milieu de mes figures des bougies, des chandelles allumées, je ne sais pourquoi (des chandelles qui, comme ici, peuvent aussi ressembler plutôt à des brosses à dent...). Peut-être avant tout parce que c'est facile à dessiner. Je le rappelle en effet (ou je l'avoue pour la première fois sur ce photoblog?), je ne sais pas dessiner, c'est-à-dire, que je ne peux dessiner volontairement des figures ressemblantes à la réalité de nos perceptions visuelles. Je dessine machinalement, automatiquement, en bricolant graphiquement. Une alchimie étrange se met cependant en place. Et des figures apparaissent, non élaborées en amont, surgissant du fait du hasard et de la mise en forme inconsciente. Les chandelles en font partie...
Ici, de plus, du fait d'un papier spécial sur lequel je ne suis pas encore retombé, ressemblant à un mélange de papier ordinaire et de papier de verre, grainé et presque abrasif, destiné à faciliter le traçage de pastels ou de craies (alors qu'ici j'ai bien entendu utilisé des pigments non adaptés à ce genre de papier, des encres notamment), l'image qui s'est construite peu à peu a découlé de la résistance du matériau de ce support à mes efforts de traçage. Dans d'autres cas, j'ai constaté que le revêtement pouvait parfois céder si j'étalais trop de matière saturée d'eau, générant des zones blanches où réapparaissait, comme dans le cas des cartes à gratter, le support cartonné blanchi en dessous. Cela joua dans certaines compositions. Dans cette image, la zone bleu pâle en haut, laissée en réserve, est la couleur de départ de la feuille utilisée. Les images obtenues ont souvent un aspect poudreux du fait de ce grainage du papier, qui ressemble beaucoup à du papier de verre finement grainé.
]]>La Venue de Méduse, 32x25 cm, techniques mixtes sur papier de moulin, 2014.
Peinture pas gaie, là non plus? En tout cas, bien perclue de diverses hantises. Méduse, celle qui vous pétrifie de ses regards, ici est cette petite figure blanche et noire, au centre d'une... tête?... Ou d'une silhouette en profil, dont l'arrière est orné de trois pendentifs qui surplombent des dents aiguës. Elle marche, projetant en avant un autre tête dirait-on, à la tignasse ténébreuse. Entre ses jambes -car elle se tient aussi plantée devant le spectateur, les deux jambes écartées, on voit un petit sexe ressemblant à un bouton poussoir, reproduisant dans ses brins échevelés comme un écho de la méduse inscrite plus haut, sexe qui paraît pointer, menaçant?, vers un petit animal humanoïde qui passe, inquiet sous cette figure que je trouve, rétrospectivement, aujourd'hui, très cauchemardesque.
L'encre réagit très agréablement sur les papiers pur chiffon. En dépit de la difficulté de passer les outils traçant sur leurs surfaces rugueuses, on a toujours intérêt à en user, pour obtenir ces teintes, ces nuances de couleur séduisantes (même si c'est, comme ici, au service d'une iconographie quelque peu cauchemardesque).
]]>Autoportrait en dissolution, ou Pluie blanche sur un boursouflé, encre et marqueurs sur photocopie modifiée, (présenté dans les deux sens de lecture), 2014.
Voici un autre exemple de modification sur image trouvée – en l'occurrence, si je crois me souvenir exactement, sur un autoportrait photographique tiré sur imprimante. Le hasard (aidé...) a voulu que cela puisse être lisible dans les deux sens du format portrait. Bien sûr, sur la photo ci-dessus, j'ai mis côte à côte les deux lectures, mais l'oeuvre originale n'est qu'en un seul "morceau". Le spectateur, ou le collectionneur qui voudra l'acquérir, choisit le sens qui lui agrée le plus, quitte à le retourner de temps à autre, histoire de changer... Deux images tête-bêche ici, donc, pour le prix d'une, ne suis-je pas généreux?
]]>Trop nombreux en un, technique mixte sur papier, 18 x 24 cm, 2013. collection privée.
Il m'est difficile de ne dessiner qu'un seul personnage, il faut toujours que se mettent à grouiller dans les moindres marges d'autres visages, de toutes tailles, dans toutes les postures, sans souci de réalisme bien entendu. Un personnage placé en dessous et en avant de ce personnage composite semble tenir un fouet, destiné à le stimuler, peut-être, pour qu'il avance plus vite, ou plus efficacement, notamment pour éviter la dispersion qu'engendre la multiplicité des personnages secondaires.
Ici, ce qui me retient encore, c'est la rencontre du noir et blanc grâce à la mine de plomb et de la couleur, pas trop bigarrée a priori, dans une gamme chromatique à peu près unifiée, où le noir est très présent aussi.
]]>