dimanche, 08 février 2015 | La plante à miroir, dessin à double lecture, 2003
La Plante à Miroir et Sans titre, 42 x 29,7 cm, crayon graphite et mine de plomb, 2003.
J'ai mis du temps à oser me servir uniquement d'un crayon à dessin, cela peut paraître surprenant. L'outil ne me permettait pas d'être assez net... Il me fallait en effet plutôt un traceur à l'encre pour me satisfaire.
Faire flou, poudreux, évaporé, m'angoissait au fond. Au fil des années cependant, l'assurance venant, et la conviction désormais enracinée que je n'avais plus rien à faire du "qu'en dira-t-on", j'ai pu me laisser aller avec plus d'insouciance. D'autant que je m'étais aperçu que je pouvais tout de même retrouver de la ligne bien noire à côté de lignes plus claires. Le frottage de murs, de poutres, de planches, m'aida aussi grandement à me décomplexer. Cette technique, popularisée par Max Ernst dans la première moitié du XXe siècle, est vraiment une technique libératrice qui permet à tout autodidacte de créer sur le papier des apparitions et des surprises, pour peu qu'il ait un peu d'imagination et qu'il ne réfrène pas ses interprétations.
Ce dessin-ci, très automatique, m'a paru très complexe lorsqu'il s'est élaboré. Je ne parvenais pas à savoir dans quel sens le mettre. Je choisis donc la double exposition, les deux possibilités existant pour la lecture d'image. Je datai et signai au bas dans chaque sens. Dans un sens (à droite sur ma photo), le titre fut trouvé, "la plante à miroir" (le miroir étant la feuille très large d'où sort un os et que picore de l'autre côté un poisson ; ce "miroir" est une surface à apparitions, de celles qui sont susceptibles de surgir de traces frottées). Dans l'autre sens, tête bêche, le "miroir" se retrouvant en haut, je laissais la feuille sans titre.
siècle
09:46 Publié dans Dessins, Noir et blanc | Tags : crayon graphite, mine de plomb, frottage, max ernst, technique libératrice, plante à miroir, image à double lecture | Lien permanent | Commentaires (3)
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Commentaires
De l'autre côté, c'est comme une botte feuillue et têtue, ou une Italie ourlée de dattes.
Écrit par : Régis Gayraud | mardi, 17 février 2015
Et maintenant, depuis ce dessin qui a plus de dix ans, es-tu toujours sous le "charme" du crayon ? Ces gammes de gris à l'infini, la profondeur des noirs, le poudreux si doux et délicat au regard...
En tout cas, je t'y encourage !
G.
Écrit par : gilles | vendredi, 06 mars 2015
Je dois avouer que je pratique moins le crayon depuis quelque temps. Plutôt la mine de plomb que j'utilise comme une sorte de fusain, en adjuvant des figures faites à l'encre.
Il reste sûrement encore un peu d'anxiété vis-à-vis de cet outil. Et je remarque que je n'ai jamais cherché ni à les encadrer, ni encore moins à les exposer.
Écrit par : Le sciapode | samedi, 07 mars 2015