lundi, 02 février 2015 | Le pont des fées, 2003
Le pont des fées, 8F, tableau sur carton entoilé, technique mixte, 2003.
L'été 2003, grâce à l'obligeance d'un vieux camarade je pus passer quelques jours dans une ancienne maison à Telgruc-sur-Mer dans la Presqu'Ile de Crozon. J'y vécus seul la plupart du temps, hormis quelques jours où j'invitai divers amis à passer. Je peignais et dessinais et me promenais, et buvais, et photographiais les dunes, le paysage, les bras de mer, les résidus d'écume emberlificotés dans les joncs, diverses taches, formes abstraites ou pas dans les espaces entre mer et terre, dans des zones intermédiaires qui n'étaient pas forcément l'estran mais qui lui ressemblaient, territoires de l'errance, de la rêverie, du farniente, de l'imagination...
Je dessinais et peignais dans une salle à manger au premier étage, située à mi distance de ma chambre et de la cuisine. Une baie vitrée donnait sur des frondaisons et au soir, entre chien et loup, je restais obnubilé par les silhouettes que j'avais tendance à trouver fantastiques, dessinant autre chose que de simples découpures fracturées sur le ciel qui s'assombrissait peu à peu. Les quelques arbustes que l'on aperçoit en haut au-dessus de la figure blanche et de la grande fleur jaune sont un souvenir de ces ramures hallucinées. De même que les traînées bleues et beiges dans le ciel ressemblent aux traînées d'eaux s'attardant dans les sables des plages au moment du reflux des marées.
Ce tableau a un côté enfantin. Les figures qu'il représente sont venues par automatisme, sans le moindre plan comme à l'ordinaire. La figure blanche, pour moi, était une fée. Elle tend la main et touche quelque chose dans l'air au-dessus d'elle tandis que les fleurs en restent bouche bée. Une étincelle jaillit autour de l'endroit qu'elle désigne de la main. L'espèce de branche verte, de pont de branchage (qui donne son titre au tableau) qui passe derrière sa tête, commence à s'animer, à se métamorphoser. Car ce sont les fées qui animent la nature, générant ses transformations. Tout le paysage ici porte la marque de cette magie à l'œuvre. On le sent saturé de métamorphoses, de gestations peu ordinaires. L'homme n'est pas invité. Et c'est peut-être pourquoi je ne laisse pas sortir ce tableau loin de chez moi.
23:40 Publié dans Peintures | Tags : bretagne, presqu'île de crozon, bruno montpied, pont de fées, fées, fleurs géantes, fantasy, métamorphoses, magie | Lien permanent | Commentaires (1)
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Commentaires
Le tableau apparait au moins ici et c'est une bonne chose.
Écrit par : Laurent | mardi, 03 février 2015