dimanche, 18 décembre 2016 | Plusieurs fers au feu, 2008
Plusieurs fers au feu, 24x18cm, mine de plomb et encre sur papier, 2008, coll. privée.
Je crois que cette année 2008 a marqué un autre tournant dans ma production, quand je jette un coup d'œil rétrospectif sur mes travaux. Avec la découverte que je pouvais obtenir des résultats avec les crayons, fusains et mine de plomb, depuis 2004 et mon séjour dans une maison du Cézallier où j'avais effectué pas mal de frottages sur de vieilles poutres (suivant la technique de Max Ernst... Le Cézallier fut mon Pornic...), je mis quelques années avant de recourir à ces outils, nouveaux pour moi.
2008 vit la réapparition concomitante de figures isolées sur un fond de papier laissé en réserve, alliée à cet usage de la mine de plomb, qui allait être utilisé jusqu'à présent (2016), tantôt en frottage, tantôt en traînées de poudre grise... Le titre indique que je suis conscient d'avoir désormais à ma disposition plusieurs techniques, conquises sans formation, sur le tas, par mes propres recherches. A l'intérieur de ce personnage composite, plusieurs figures sont transportées comme autant de "fers au feu". Chacune symbolise selon moi mes différentes casquettes, ou activités menées de front. Un personnage jette par ailleurs, à l'arrière de la tête, un filet, comme un symbole de l'artiste cherchant à ramener la proie d'une œuvre dans ses rets... Un autre, lové sous le cou de la tête principale, comme le bouffon de service des empereurs romains, chargé de leur rappeler que ces derniers restaient des mortels lors de leurs triomphes, tire la langue à celui qui le surplombe, ayant l'air de dire ainsi: "ne te prends pas donc si au sérieux....".
J'ai appelé "les solitaires" cette série de personnages isolés sur fond en réserve. Depuis 2008, je n'ai pas cessé d'en créer. Au point de préparer actuellement une exposition sous ce titre à la galerie Dettinger-Mayer prévue pour mars-avril 2017. C'est un retour des figures solitaires que j'avais déjà produites en grande quantité au début des années 1980 dans une technique plus sommaire et un esprit différent, plus naïf peut-être et enfantin (série des lavis et des taches en couleur interprétées).
12:47 Publié dans Série des "solitaires", Taches interprétées | Tags : mine de plomb, frottage, encre, taches, solitaires, lavis, galerie dettinger-mayer, cézalier, pornic | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Je suis bien heureux, en cette fin d’année, de constater que vous avez repris goût à votre photoblog d’Oeuvres. Je m'inquiétais de voir le rythme des publications, cette année, fléchir (plusieurs mois honorés d'une seule oeuvre, quatre mois vides...). Le photoblog Bruno Montpied, c’est, vous comprenez bien, un peu la crème de votre blog « Le Poignard subtil », une crème accessible aux seuls happy fews qui ont remarqué le passage discret, encore plus subtil que s’il était absolument secret, qui y conduit.
Écrit par : Régis Gayraud | lundi, 19 décembre 2016
Pour le crayon graphite, il y a quand même « La Plante à miroirs », de 2003 (cf. photos de février 2015), antérieure à votre séjour au Cézallier. La considérez-vous comme un « solitaire » ou plutôt, alors, comme un hapax prémonitoire?
Écrit par : Régis Gayraud | lundi, 19 décembre 2016
Des "solitaires", j'en ai produit, comme je le dis dans ma note ci-dessus, beaucoup dans les années 1980 (par exemple à l'époque des petits lavis que vous avez dû faire avec moi si vous vous rappelez, j'invitais tous ceux qui passaient par chez moi à en faire à l'époque). Et puis, aussi de façon épisodique, au long des années. Voir par exemple le "Pinocchio" de 2004 que j'ai inséré précédemment sur ce photoblog(http://brunomontpiedoeuvres.hautetfort.com/archive/2015/12/04/pinocchio-5726191.html, voir aussi sur ce photoblog la petite peinture intitulée "Régressant", de 1981 : http://brunomontpiedoeuvres.hautetfort.com/archive/2013/10/06/regressant-1981-5189684.html).
La "Plante à miroir" de 2003 n'est pas considérée par moi comme un "solitaire", terme que j'applique plutôt à des êtres de chair, si je puis dire, et pas à un végétal (même incrusté d'un poisson, comme on en voit un, fiché dans le côté de cette plante...).
Mais, en effet, j'avais esquissé le frottage avant de venir dans le Cézallier. Ma connaissance de Max Ernst date il est vrai de 1976 (c'est l'une des toutes premières expos que j'ai vues dans ma jeunesse, je crois que c'était au Grand Palais, dans les mêmes eaux il y avait eu aussi une expo Picabia au même endroit me semble-t-il ; quoique ma première grande expo consacrée à un peintre célèbre, ce fut Picasso au Palais des Papes en 76 également, à Avignon ; j'y avais été traîné par mon mentor féminin de l'époque, une certaine Muriel Serrano).
Écrit par : Le sciapode | lundi, 19 décembre 2016
Ah, Muriel Serrano! On aimerait tous savoir ce que sont nos amies devenues!...
Oui, c’est amusant, je me souviens de cette exposition Ernst, de l’exposition Picabia (je préférais les toiles tardives que généralement on méprise, aux mécaniques Dada - c’est comme ça...), de l’expo Miro également, qui se terminait par « le Courtisan grotesque » de Monluc publié par Iliazd. Moi, c’est mon frère qui m’y traînait, et j’appréciais cette ouverture. Comme le petit festival de films Dada et autres expérimentations, où j’ai découvert « Anemic cinéma » et aussi « Impatience » et autres films de Dekeukeleire, René Clair, et aussi "Dreams that money can buy" de Hans Richter.... Une belle programmation... Le Grand-Palais est lié à mon adolescence, et pas seulement pour cela, mais aussi parce qu’ensuite, j’y ai passé mes années d’apprentissage de la langue russe. Qui se souvient qu’il y avait une étrange faculté bizarrement placée à cet endroit, juste face aux armoiries des Romanov jadis plantées par la IIIe République pour qui l’argent, ou ici plutôt la fonte et le cuivre, n’avait pas d’odeur, à l’entrée du pont...
Écrit par : Régis Gayraud | mardi, 20 décembre 2016